En se promenant dans les allées de l’usine de Qingdao Refrigerators en 1984, on n’aurait pas donné cher de cette usine : des ouvriers démotivés, un encadrement déresponsabilisé, des produits de qualité médiocre. Un homme, pourtant, a réussi à reprendre le gouvernail de ce navire à la dérive, pour en faire, à force d’efforts, d’audace et d’imagination, un fleuron de l’industrie chinoise, leader dans son secteur depuis 15 ans.
Découvrez dans cette vidéo comment Zhang Ruimin a réussi ce tour de force, et les leçons que nous pouvons en tirer dans nos entreprises occidentales.
De l’entreprise en faillite au futur leader mondial de l’électroménager
Dans les années 1980, l’usine de réfrigérateurs de Qingdao en Chine était loin de laisser présager qu’elle deviendrait un jour le leader mondial de l’électroménager. Nationalisée après la révolution communiste de 1949, l’entreprise croule sous les dettes et peine à produire des appareils de qualité. Le tableau est sombre : des ouvriers qui brûlent le matériel pour se réchauffer, d’autres qui jouent au poker pendant leurs heures de travail, et des stocks entiers de réfrigérateurs défectueux. C’est dans ce contexte chaotique qu’en 1984, Zhang Ruimin est nommé à la tête de cette entreprise moribonde, avec pour mission de la redresser. Le défi semble insurmontable, mais Zhang, inspiré par les théories de management occidentales, notamment celles de Peter Drucker, va entreprendre une transformation radicale qui mènera l’entreprise au sommet de l’industrie mondiale de l’électroménager.
La révolution managériale qui a forgé un leader mondial de l’électroménager
La révolution managériale insufflée par Zhang Ruimin a commencé par l’instauration de règles de base : horaires fixes, rangement des ateliers, respect des procédures. Mais le tournant décisif fut la destruction spectaculaire des réfrigérateurs défectueux devant les employés, marquant ainsi l’importance cruciale de la qualité. Zhang a ensuite mis en place un système de micro-entreprises autonomes au sein de Haier, baptisé « RenDanHeYi ». Ce modèle unique divise l’entreprise en unités de 20 à 30 personnes, chacune disposant d’une grande autonomie pour fixer ses objectifs, embaucher, licencier et même définir les salaires. Cette structure favorise l’esprit entrepreneurial et la réactivité face aux besoins des clients, tout en maintenant une concurrence interne stimulante qui pousse chaque unité à se surpasser. C’est grâce à cette approche innovante que Haier est devenu le leader mondial de l’électroménager et l’est resté depuis 15 ans.
Le modèle du leader mondial de l’électroménager : une inspiration pour l’Occident ?
Le modèle de Haier, leader mondial de l’électroménager, soulève des questions sur l’organisation du travail et la gestion d’entreprise. Si certains aspects, comme la concurrence interne exacerbée, peuvent sembler difficiles à transposer tels quels dans le contexte européen, notamment en raison des différences de droit du travail, l’approche de Haier offre néanmoins des pistes de réflexion précieuses. Des entreprises comme Fujitsu Siemens s’en inspirent déjà, adaptant certains principes à leur propre culture. Le succès de Haier démontre qu’une refonte audacieuse du management peut transformer une entreprise en difficulté en un géant industriel innovant. Cette réussite invite les dirigeants occidentaux à repenser leurs modèles organisationnels pour favoriser l’autonomie, l’innovation et l’alignement entre les employés et les clients, tout en respectant les spécificités culturelles et légales de leurs pays.
L’exemple de ce leader mondial de l’électroménager pourrait bien inspirer une nouvelle génération de managers en quête de performance et d’agilité.
Diplômé de HEC Paris et de CentraleSupélec, Jérôme Delacroix a démarré sa carrière chez le géant du conseil en management et en organisation Accenture, avant de se tourner vers le marketing, l’écriture et l’entrepreneuriat.
Jérôme Delacroix est allé plus de 12 fois en Chine et apprend le chinois mandarin. Il anime une chaîne YouTube consacrée à l’Internet en Chine.